Les plantes absorberaient plus de carbone que prévu
Des nouvelles données physiologiques améliorent la capacité d’absorption du carbone par les plantes sous les effets du changement climatique mais ne donnent pas une carte blanche pour réduire les efforts de réduction des émissions.
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Le centre de l'Inrae du Grand-Est-Nancy a participé à une vaste étude internationale parue le 17 novembre 2023 dans la revue scientifique Science advances. Ces travaux cherchaient à intégrer les dernières avancées de la physiologie des plantes dans les modèles écologiques du changement climatique. Et les résultats sont étonnants.
Meilleure compréhension
Les plantes pourraient absorber beaucoup plus de carbone que les chiffres intégrés dans les modèles habituellement utilisés pour prévoir le changement climatique. « Notre compréhension des principaux processus de réponse du cycle du carbone, tels que la photosynthèse, a progressé de manière spectaculaire ces dernières années. Il faut toujours un certain temps pour que les nouvelles connaissances soient intégrées dans les modèles sophistiqués sur lesquels nous nous appuyons pour informer la politique en matière de climat et d’émissions », commentent Matthias Cuntz, directeur de recherche à l’Inrae de Nancy, et Ben Smith, directeur scientifique de Hawkesbury institute for the environnement, l’université de Sydney (Australie) qui encadraient les travaux au niveau international.
La fixation du carbone par les plantes est une traduction de la photosynthèse, le processus par lequel les plantes utilisent l’énergie solaire pour transformer le gaz carbonique pour leur croissance et leur métabolisme. Ce phénomène contribue à freiner les effets du changement climatique, dans la mesure où il réduit la quantité de gaz carbonique dans l’air. D’une façon générale, les plantes stockent donc ce carbone, constituant le puits de carbone terrestre.
Physiologie
Les nouvelles données intégrées dans cette étude sont de l’ordre du détail physiologique, comme l’efficacité du déplacement du dioxyde de carbone à l’intérieur de la feuille, la façon dont les plantes s’adaptent au changement de températures et dont elles distribuent le plus économiquement possible les éléments nutritifs dans leur couvert. « Ces trois mécanismes influencent la capacité d’une plante à fixer le carbone. Ils étaient pourtant exclus de la plupart des modèles mondiaux », explique Jürgen Knauer, le responsable australien de l’équipe internationale de contributeurs.
Avec ces nouvelles données, la production de biomasse pourrait augmenter de 20 % à la fin du XXIe siècle par rapport à celle prévue par les modèles utilisés actuellement.
Réduire les émissions
Pourtant, les auteurs s’empressent de prévenir tout excès d’optimisme. Ces résultats ne donnent en rien au gouvernement une carte blanche pour réduire leurs efforts de réduction plus rapide des émissions de carbone. En effet, cette nouvelle étude ne garantit en rien que cet avantage se poursuive au-delà du XXIe siècle. En particulier, les calculs ignorent totalement la façon dont la végétation réagira à une augmentation du gaz carbonique, à des températures plus élevées ou à des variations de pluviosité très différentes que celles qu’on connaît actuellement. Certains scientifiques émettent l’hypothèse que les sécheresses graves ou la canicule pourraient considérablement affaiblir la capacité des écosystèmes terrestres à absorber le carbone, et modifier ces nouvelles conclusions sur le long terme.
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